Ensemble, nous bâtissons des villes au-delà de demain en mettant la circularité en pratique
Certains diront que, pour atteindre la circularité, il faut « parler moins et agir davantage ». Mais ce n'est pas l'avis de notre responsable du développement durable, Lucile Souyri. Lucile Souyri et Henri Gomez, vice-président d'Hydro Building Systems, expliquent comment WICONA a réussi à atteindre une circularité totale en discutant et en travaillant avec des architectes, des entrepreneurs, des fabricants et d'autres partenaires de la chaîne d'approvisionnement tournés vers l'avenir. Ils mettent en évidence la valeur d'une approche circulaire pour les investisseurs et les promoteurs, et conseillent ceux qui cherchent à concevoir et à installer des façades dans le cadre d'une économie circulaire.
Quelle est votre dernière et plus grande réussite en matière de durabilité chez WICONA ?
Lucile Souyri : C'est indéniablement le fait d'avoir franchi le cap pour passer de la durabilité à la circularité totale.
J'entends par là la conception de systèmes de façade fabriqués à partir de matériaux recyclés, conçus pour être démontés, recyclés et réutilisés. En fin de compte, ces produits s'inscrivent dans une approche d'économie circulaire. Pour nous, seule une réutilisation circulaire des matériaux peut favoriser la décarbonisation du secteur du bâtiment et de la construction.
Quelle en a été la première étape ?
Henri Gomez : Au tout début, nous nous sommes concentrés sur le recyclage de l'aluminium en fin de vie.
Nous avons lancé notre premier projet avec de l'aluminium recyclé post-consommation en 2018. Aujourd'hui, la majorité de nos systèmes sont fabriqués en CIRCAL 75R avec une empreinte carbone de 1,9 kg d'équivalent CO2 par kilo d'aluminium, soit quatre fois moins que la moyenne européenne !
Depuis peu, nous sommes devenus la première entreprise de systèmes de construction en aluminium à fabriquer des portes, des fenêtres et des façades en aluminium 100 %recyclé Hydro CIRCAL 100R. Pour en savoir plus sur le premier bâtiment au monde doté d'une façade fabriquée à 100 % à partir d'aluminium recyclé post-consommation, cliquez ici.
Quels progrès avez-vous réalisés pour recycler les matières en circuit fermé ?
Non seulement nous n'avons cessé de travailler sur le contenu du recyclage de notre aluminium, mais nous nous efforçons désormais de recycler tous les composants de nos systèmes en fin de vie.
En 2024, nous dominons l'industrie en matière de circularité et nous recyclons les matières de nos systèmes de façade en circuit fermé.
Pouvez-vous nous décrire le fonctionnement du cycle de la circularité chez WICONA ?
Lucile Souyri : Nous récupérons les anciennes fenêtres, portes et façades des bâtiments en déconstruction. Les châssis en aluminium sont séparés des vitrages. Les matières sont ensuite déchiquetées et, après une étape de tri, l'alliage nécessaire pour produire un aluminium recyclé de qualité construction est identifié, puis refondu en billettes CIRCAL.
Henri Gomez : Ensuite, les billettes d'aluminium recyclé post-consommation sont extrudées pour servir à la fabrication de nouveaux systèmes de façade WICONA, eux-mêmes conçus pour être facilement démontés et démantelés en fin de vie, afin d'être réutilisés.
Cela ne concerne que l'aluminium, mais nous avons également beaucoup progressé, en collaboration avec nos partenaires, pour les autres matières utilisées dans nos façades, afin de pouvoir travailler uniquement en circuit fermé
Qu'est-ce qui a permis d'améliorer la circularité des façades ?
Henri Gomez : Nous avons pris certaines mesures et nous avons travaillé avec nos fournisseurs ainsi que de nombreux partenaires tout au long de la chaîne d'approvisionnement des façades et de la construction afin d'envisager les produits et les processus dans leur cycle de vie complet.
Il a fallu non seulement réduire l'empreinte carbone de notre aluminium, mais aussi celle des autres composants. Nous avons notamment pris en compte l'utilisation de matériaux recyclés, la facilité de démontage et la recyclabilité de tous les composants en fin de vie.
Quel a été l'un de vos plus grands défis en matière de circularité ?
Lucile Souyri : Après deux années consacrées à des projets pilotes, nous disposons aujourd'hui des bons partenaires logistiques et nous sommes prêts à nous lancer à plus grande échelle.
Les équipes travaillent en collaboration avec des entreprises de démolition, des entrepreneurs du bâtiment, des ingénieurs en façades et les clients (fabricants et installateurs) pour récupérer les déchets. Mais cela ne se passe pas uniquement à ce niveau-là.
Les pays imposent aux entreprises de détenir une licence pour traiter les déchets, et chacun d'entre eux a des exigences différentes, auxquelles nous devons nous adapter, au cas par cas.
Quelles sont les ressources technologiques, matérielles et humaines dont vous disposez ?
Henri Gomez : Nous faisons partie du groupe norvégien Hydro, leader mondial du secteur de l'aluminium recyclé, qui offre un accès aux technologies ultramodernes de tri, de déchiquetage et de fusion.
Chez Hydro Building Systems et via notre marque WICONA, nous établissons un lien avec le secteur de la construction, un secteur qui génère aujourd'hui encore trop de déchets.
Les réglementations européennes et nationales commencent à faire évoluer les choses, notamment en ce qui concerne le traitement des produits en fin de vie Leur objectif étant d'éviter leur mise en décharge et de favoriser leur recyclage ou leur réutilisation. Cela crée une opportunité sur le marché de l'approvisionnement en matériaux.
Avec l'énorme vague de rénovation qui se profile à l'horizon en Europe, nous considérons cela comme une opportunité d'exploitation minière urbaine. En mettant tout en œuvre pour établir des flux de matériaux en circuit fermé, nous facilitons la récupération des systèmes en aluminium en fin de vie afin de nous assurer de la réutilisation de tous les matériaux et de stimuler la décarbonisation de notre marché.
Lucile Souyri : Nous identifions les projets de rénovation comprenant de l'aluminium et trouvons les partenaires capables de recycler tous les composants des fenêtres, portes et façades. Ceux-ci servent à la fabrication de nos nouveaux produits.
Nous disposons à présent d'équipes dédiées au nord et au sud de l'Europe pour organiser et gérer ce processus. Ce dernier ne concerne pas seulement l'aluminium, mais aussi tous les autres matériaux présents dans nos systèmes.
L'aluminium circulaire présente-t-il une quelconque valeur pour les investisseurs et les développeurs ?
Lucile Souyri : Sans aucun doute, d'autant plus que nous pouvons leur prouver que les matériaux d'un bâtiment en fin de vie ont de la valeur. La circularité est donc intéressante d'un point de vue commercial.
Aujourd'hui, nous proposons à nos clients d'installer dans nos produits un QR code appelé « track and trace » qui permet de suivre nos produits et d'en assurer la traçabilité. Ils disposent ainsi d'informations de maintenance, sur les données du cycle de vie et la valeur du produit en fin de vie, qui peuvent ensuite être intégrées à des objets BIM.
Certains pays jouent-ils à l'heure actuelle un rôle majeur dans la circularité ?
Lucile Souyri: Yes, for now we’re focusing on bigger projects that require more than seven tonnes of aluminium.
In a world first, a complete aluminium and glass façade has now been removed, recycled and reinstalled in a pilot project on metal construction company Lenderoth’s office and production building in Bremen, Germany. You can find out more here, where Christophe Lenderoth (Christophe Lenderoth GmbH), Marcel Bartsch (WICONA) and Moritz Feid (Saint-Gobain Glass) explain the background to the project and how a true circular economy functions in practice.
Existe-t-il actuellement des projets qui illustrent la circularité en action ?
Lucile Souyri : Oui, nous nous concentrons actuellement sur des projets de plus grande envergure, qui requièrent plus de sept tonnes d'aluminium.
En première mondiale, nous avons démonté, recyclé et réinstallé une façade complète en verre et en aluminium dans le cadre d'un projet pilote sur le bâtiment de production et de bureaux de l'entreprise de construction métallique Lenderoth située à Brême, en Allemagne. Vous pouvez en savoir plus ici : Christophe Lenderoth (Christophe Lenderoth GmbH), Marcel Bartsch (WICONA) et Moritz Feid (Saint-
Gobain Glass) vous expliquent les tenants et les aboutissants de ce projet et détaillent le fonctionnement d'une véritable économie circulaire dans la pratique.
Quels sont les concurrents de WICONA en termes de circularité ?
Lucile Souyri : Certains concurrents utilisent de l'aluminium recyclé dans leurs produits, mais il est important de vérifier si l'élément recyclé est un déchet de pré-consommation ou bien de post-consommation.
L'aluminium qui a déjà été utilisé est connu comme un déchet « post-consommation » et son empreinte carbone est proche de zéro. Cependant, l'aluminium recyclé à partir des « casses » d'une production secondaire, ou de déchets « pré-consommation » est bien différent.
Je suis fière de pouvoir dire que WICONA est le leader du marché dans le domaine du recyclage des déchets post-consommation pour fabriquer de nouveaux systèmes de profilés en aluminium pour les fenêtres, les portes et les façades, y compris pour les composants qui ne sont pas en aluminium.
Pouvez-vous nous parler des éventuels partenariats que votre entreprise a conclus afin de promouvoir la circularité dans la construction ?
Lucile Souyri : Bien sûr. Ils concernent bien plus que l'aluminium. Chaque produit intègre 15 % de composants qui ne sont pas en aluminium, comme le polyamide, le caoutchouc, l'acier inoxydable ou d'autres pièces en plastique.
Nous avons travaillé de concert avec nos fournisseurs de matériaux pour nous assurer que ces composants sont issus d'une source durable. Nous avons en effet été le premier fournisseur de systèmes au monde à utiliser du polyamide recyclé pour l'isolation thermique de nos systèmes. Par ailleurs nos entretoises à haute isolation sont fabriquées à partir de PET issu de bouteilles d'eau en plastique recyclé.
Plus récemment, nous avons établi un partenariat avec Saint-Gobain pour créer des façades durables intégrant la circularité. Nos deux entreprises ont mis en place des initiatives d'exploitation minière urbaine afin de récupérer et de recycler le verre et l'aluminium en fin de vie. Vous trouverez plus d'informations ici
Quels sont les ICP (indicateurs clés de performance) que vous utilisez pour suivre vos progrès en matière de durabilité ?
Lucile Souyri : Parmi les mesures de circularité, nous utilisons les « tonnes d'aluminium recyclé par an ». Pour 2024, nous nous sommes fixé pour objectif de recycler 400 tonnes d'aluminium et nous souhaitons pouvoir en recycler 20 000 d'ici 2030.
Que fait WICONA pour limiter au maximum son impact lié aux transports ?
Lucile Souyri : Nous avons plusieurs façons de procéder, mais je peux vous donner un exemple lié au transport des déchets que nous récupérons. Hydro Aluminium Metal possède des installations de recyclage en Espagne, en Allemagne, et a un partenaire au Royaume-Uni. Grâce à cela, généralement, aucun projet ne se fait dans un rayon de plus de 700 km d'une usine de tri, ce qui permet de limiter les kilomètres liés au transport. Notre objectif est de ne pas dépasser ce rayon.
Quel est votre objectif en matière de circularité concernant les produits WICONA ?
Henri Gomez : Notre prochain objectif est d'atteindre 85 % de produits recyclés et 100 % de produits recyclables d'ici 2025.
Ce projet de circularité ne concerne pas uniquement l'aluminium, mais aussi les façades. Nous aimerions ramener tous les composants dans le circuit. À partir de maintenant, notre objectif est de travailler en circuit fermé sur l'ensemble du système. Nous y travaillons en permanence, à la fois en interne et avec nos fournisseurs, nos clients, nos entrepreneurs, nos contractants, les architectes et les investisseurs.
Ensuite, nous continuerons à innover pour aller plus loin en termes de circularité.
Quels conseils donneriez-vous aux architectes qui souhaiteraient adopter les principes de l'économie circulaire ?
Henri Gomez : N'ayez pas peur de travailler sur des bâtiments écologiques. Pour ceux qui travaillent dans un cabinet d'architectes, c'est une façon de se différencier des autres et de profiter d'un potentiel commercial existant ainsi que d'allègements fiscaux. Cherchez à déterminer les produits recyclés et recyclables autant que possible et, si vous n'êtes pas sûr de vous, consultez des fournisseurs. La plupart d'entre eux nous ont été d'une grande aide pour les spécifications des accréditations de bâtiments écologiques, telles que BREEAM, LEED et DGNB depuis maintenant de nombreuses années.
De même, nous sommes toujours là pour aider les architectes internes ou ceux travaillant dans le secteur public, que ce soit en matière de physique des bâtiments, d'exigences de performances, d'EPD, de durabilité, de calculs techniques, de budget ou de délais.
Et que diriez-vous aux consultants en façade ?
Lucile Souyri : De nombreux consultants en façade pensent que l'aluminium est loin d'être un produit durable, ce qui est évidemment vrai si vous utilisez de l'aluminium primaire fabriqué à partir de charbon. Cependant, les ingénieurs plus « à la page » en matière de façade sont conscients des avantages d'utiliser des systèmes fabriqués à partir d'aluminium recyclé en fin de vie.
Grâce à l'optimisation de notre processus de production et à l'utilisation de matériaux recyclés, l'empreinte carbone de nos produits est l'une des plus faibles du marché, même si on la compare avec des fournisseurs de systèmes qui utilisent du PVC et du bois. De plus, nous garantissons une circularité totale de notre système en fin de vie, aussi bien pour l'aluminium que pour tous les autres composants.
Pourquoi les fabricants ont-ils tout intérêt à soutenir la circularité ?
Lucile Souyri : Tous ceux avec lesquels nous avons travaillé jusqu'à présent nous disent que cela les aide à remporter des projets. Ils nous disent eux-mêmes que la circularité est de plus en plus recherchée dans les dossiers d'appels d'offres.
Sensibiliser les architectes représente le meilleur moyen de promouvoir la circularité dans la construction.
Comment le public peut-il obtenir plus d'informations sur les façades durables et la circularité ?
Lucile Souyri : Tout d'abord, n'hésitez pas à nous contacter. Nous sommes toujours ravis de discuter de la circularité et de la façon dont nous pouvons vous aider.
Vous pouvez également regarder notre série populaire WICONA MEETS, dans laquelle nous allons à la rencontre d'architectes et de designers réputés pour découvrir comment ils envisagent l'avenir des façades. Nous abordons aussi les questions de durabilité ainsi que d'autres thèmes.
Nous préparons également toute une série de webinaires qui couvriront des thèmes spécifiques, comme la circularité. Revenez-vous informer régulièrement !